Durant ces dernières années, la pratique du massage s’est largement développée en Occident. S’inspirant fréquemment des techniques et des connaissances orientales, elle vise non seulement à détendre et soulager le corps physique, mais peut également favoriser la circulation des fluides vitaux et des énergies liées aux corps subtils. Associée à la digitopuncture, au shiatsu, à la réflexologie ou aux sciences de l’âme, la pratique du massage peut devenir un puissant moyen d’action sur les différents plans de l’être et ouvrir une porte vers le sacré.
Pour les Égyptiens, 2500 ans av. J.-C., la main était un être vivant par lequel les dieux pouvaient s’exprimer. Le geste était guidé par leur souffle. Le corps était alors considéré comme le véhicule, le support de la vie et non comme la vie elle-même. Ainsi, la main n’était pas séparée de l’esprit. Le massage et les soins de l’âme ne faisaient qu’un.
L’évolution du massage
Du XVIIe au XIXe siècles, la pratique du massage a subi de nombreuses transformations et est devenu de plus en plus populaire. Au début des années 1800, le Suédois Per Henrik Ling inventa sa propre méthode. Son massage « suédois » contribua à démocratiser cet art ancien, mais dans le même temps lui retira petit à petit ses lettres de noblesses, jusqu’à finalement évacuer sa dimension spirituelle.
Le massage est aujourd’hui essentiellement consacré au corps physique. Le praticien se retranche de plus en plus derrière la facilité des protocoles, oubliant que le plus puissant des remèdes est le travail sur soi-même, oubliant également que sans âme et sans profondeur, le massage n’est plus qu’un outil au service du corps et de l’aspect superficiel et commercial de la culture.
Redonner ses lettres de noblesse aux soins par le toucher permet de construire des ponts entre les êtres. Dans cette dynamique, on passe de nouveau du temps ensemble, on s’ouvre à la douceur d’une main bienveillante, à la pratique d’un toucher vivant, profond et respectueux de l’autre. On donne ou on reçoit le réconfort par un échange sain, par la qualité d’une écoute attentive et impersonnelle, par les odeurs vraies et accueillantes des huiles essentielles revitalisantes. On re-découvre le plaisir de transmettre le meilleur de soi-même et de recevoir un regard lumineux et serein en échange.
La relation vraie
Il semble qu’aujourd’hui l’Homme ait envie de revenir aux notions du Sacré et qu’il en cherche le chemin. C’est une belle chose, une merveilleuse aventure qui pourrait voir le jour mais les forces cachées derrière le système économique, les regards en quête de profit l’observent et essaient de s’emparer de son aspiration. Ainsi, ce merveilleux chemin pourrait bien être récupéré par le monde du corps tout puissant si l’on n‘y prend pas garde. L’engouement pour le bien-être a un revers de médaille. L’autre face est moins jolie.
S’il est noble de chercher à apporter le meilleur à l’autre, il l’est moins de chercher à se servir de sa quête ou de sa faiblesse à des fins mercantiles. En effet, le monde économique clame bien fort : « voici les métiers de demain, engouffrez-vous dans cette voie et vous récolterez la manne, formez-vous ». Mais dans cette histoire qui forme qui ? Et pour quoi faire exactement ? Accomplit-on les choses pour prendre soin de l’autre et de la vie ou par motivation purement économique ?
Si le massage du corps n’a besoin que de protocoles corporels pour exister, le massage sacré, celui qui s’intéresse à l’âme à besoin, quant à lui, d’un profond travail sur soi avant d’être pratiqué.
Donner ce que l’on est
Devant les deux approches du massage évoquées ci-dessus, il ne s’agit pas ici de poser un jugement sur l’un ou l’autre choix. Ils sont tout aussi respectables l’un que l’autre. Il s’agit plutôt de savoir comment l’on choisit d’aborder la technique, sous quel angle et avec quelle motivation.
La recherche et l’art du bien-être peuvent être pour beaucoup le point de départ d’un chemin d’éveil conduisant à l’équilibre entre le corps et l’esprit, à l’éveil de la conscience. Pour le praticien du toucher sacré, il peut aboutir à la création en soi d’un espace de liberté et de vérité intérieure. La personne qui reçoit un massage peut aussi retrouver le chemin du sacré sous les mains bienveillantes d’un praticien éveillé à la magie du vivant.
Il y a bien longtemps de cela, les égyptiens avaient cette sagesse de penser que nul ne pouvait apporter le meilleur à autrui sans se l’être apporté à lui-même auparavant et que la connaissance de soi était la clé de la grande santé.
Ils étaient convaincus que l’art thérapeutique était un art réservé à ceux qui acceptaient de travailler sur eux-mêmes selon un enseignement éprouvé – reçus d’un maître vivant – et à ceux qui étudiaient la mise en pratique des protocoles, des lois et des principes divins enseignés par la nature elle-même.
« On ne donne réellement que ce que l’on est … »
La préparation intérieure
L’art du massage sacré comporte des protocoles d’éveil intérieur que vous pouvez utiliser au sein de votre propre approche. Ainsi, peut se dessiner un chemin lumineux de travail sur soi, conduisant vers la connaissance intérieure et la grande guérison de l’âme. Ces points sont développés dans mon livre « Du massage bien-être au toucher sacré ».
Cultiver cet art dans sa dimension profonde nécessite d’ouvrir une fenêtre de conscience sur les mains, ambassadrices de l’âme, de prendre conscience du corps comme un lien, un pont entre le côté visible de l’existence et son côté invisible, sacré, vivant.
Ensuite, doivent être travaillés la préparation, le toucher, le mouvement, la gestuelle, la posture, la respiration, la concentration, la présence à l’instant pur ainsi que l’attitude générale du praticien quant à son état d’esprit. Pour atteindre l’état intérieur adapté à une bonne pratique, il faut maîtriser des techniques liées à la détente générale du corps et de l’esprit et d’autres permettant de développer la clarté intérieure, l’harmonie, le calme. Le praticien doit aussi disposer d’outils pour se protéger face au risque de la « souffrance en miroir » ou de l’effet « éponge ».
Une personne qui travaille sur elle est elle-même le baume, le médicament de son patient.
Comme l’huile essentielle qui diffuse son odeur, cette personne diffuse ses vertus et ses pouvoirs de guérison, son baume intérieur. N’avez-vous jamais ressenti un bien-être simplement lié à la présence d’une personne calme et sereine que vous côtoyez ? Certaines personnes ont ce don d’apaiser une ambiance, un cœur.
Une grande partie de la réussite d’un massage thérapeutique dépendra de l’état intérieur et de la conscience du praticien. Ces aspects de l’être se travaillent et se développent avec les enseignements de sagesse et le travail sur soi.
Nous appellerons ces attitudes et protocoles : « rituels d’éveil ». Il vous sera possible de les inclure à votre pratique habituelle.
En pratique/Rituels d’éveil
Lorsque vous faites un massage, montrez de la douceur, de la retenue dans vos mouvements et dans vos gestes. Soyez humble, presque effacé devant le protocole de massage, laissez le processus opérer de lui-même, laissez faire la magie de la vie sans que vos pensées, vos désirs, vos doutes ou même vos peurs ne risquent d’interférer avec le processus de soin en présence. Plus vous serez neutre et immobile en vous-même, moins vous créerez en vous de barrages ou d’obstacles mentaux et émotionnels et plus le soin sera efficace.
Il s’opère naturellement un échange entre vous et la personne massée.
Centrage
Être centré signifie – revenir au centre – à l’équilibre.
Il s’agit de n’être ni exclusivement tourné vers le corps, l’aspect matériel, ni exclusivement tourné vers l’esprit. Il s’agit d’équilibrer les deux. Être centré nécessite un effort de concentration pour revenir vers l’unité, vers l’équilibre, vers la neutralité.
Afin de calmer et de recentrer les pensées et les émotions, il est nécessaire de calmer d’abord le corps en revenant au centre, immobile.
Neutralité intérieure
Tachez d’être humble, d’accepter de ne pas tout savoir. N’attendez rien, laissez le corps s’exprimer librement, ne forcez rien. Faites confiance à la technique que vous avez apprise et que vous avez choisie tout en étant conscient, objectif et concret. Si un protocole technique convient à la personne que vous massez, il lui apportera tous les bienfaits possibles en fonction des paramètres présents au sein de sa propre vie.
Prendre soin
Masser c’est prendre soin, prendre soin c’est soutenir, s’occuper, encadrer, c’est accepter l’autre sans conditions, sans aucun jugement. Juger c’est faire passer l’autre à travers l’eau de vos propres concepts, idées, croyances, illusions et même superstitions. L’autre n’est pas « vous », il a son propre système de croyances et de fonctionnement.
Poser les mains
Assis et bien positionné dans votre bassin, vous inspirez et à l’expir, tout doucement vous approchez vos mains de la peau de la personne. Vous prenez contact à quelques centimètres du corps. Votre main a le poids d’un papillon sur une fleur. Votre toucher est délicat, votre approche est lente et douce, vos mains sont chaudes. En fonction de votre protocole votre toucher se fera plus présent voire plus appuyé, mais seulement dans un second temps. Lorsque vous retirez vos mains, vous le faites en conscience. Vos mains stoppent leur course lentement. Vous retirez progressivement le poids de vos mains et enfin, lorsqu’elles ne pèsent plus, vous les retirez sur un inspir. Vous êtes conscient, présent à ce toucher du début à la fin du soin. Votre esprit et vos émotions doivent être calmes et posés eux aussi. Votre conscience est dans vos mains.
Apprendre à se protéger
La conséquence directe de cette approche, développée plus profondément dans mon ouvrage, est une élévation de la conscience, une meilleure santé mentale, émotionnelle et corporelle qui vous permettront de vous protéger contre :
– Les effets « éponge » ou « boomerang » bien connus des praticiens du bien-être.
– La fatigue
– Les idées noires suite à certains soins ou massages
Contact : Centre de bien-être de Meillonnas
Isabelle Métais Guyader
Bourg-en-Bresse, Ain, Rhône-Alpes
06 72 900 104 ou 04 74 55 43 02
Le site ci-dessous est notre vitrine.
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Auteur : Isabelle Métais Guyader
Rubrique : Du corps à l’âme